Comment sortir de cette pandémie ? Écologie de la santé & Santé Environnementale. Les deux piliers d’un nouveau défi écologique pour 2022

10/01/2022

Par Michel FAURE - Vice-président de France Ecologie

Pourquoi les pandémies sont-elles de plus en plus fréquentes ?

Pourquoi ne donne-t-on pas la priorité à la prévention et l'anticipation en santé publique ?

Pourquoi ne donne-t-on pas plus de moyens à la santé environnementale ?

L'écologie de la santé nous offre une nouvelle lecture de nos maux.

L'écologie de la santé c'est avant tout une interdépendance entre la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale.

Depuis deux ans nous subissons la Covid, et les gouvernants de la plupart des pays ont une gestion au quotidien sans vision globale. Les citoyens appliquent avec une relative passivité les consignes mais la colère et l'angoisse montent...

Il faut avoir une approche inter-ministérielle de l'écologie et ne plus travailler en silo.

Le vaccin contre la Covid, représente une avancée indiscutable pour éviter les formes graves, mais n'empêche pas la transmission. L'humanité se trouve dans une période de stress, de tension. L'éco-anxiété est une réalité. Comment peut-on donner confiance en utilisant la politique de la peur ?

Le rôle du politique n'est-il pas de prévoir, d'anticiper...

La plupart des politiques s'occupe de la gestion de cette crise au quotidien en n'anticipant que 15 jours, voire une semaine à l'avance ! est-ce bien raisonnable ? De plus en plus de scientifiques insistent sur les liens entre Biodiversité et Santé Humaine. La perte de la biodiversité est un signal qui impose une réaction.

Nous devons placer les deux piliers du défi écologique au cœur du débat sociétal.

Dans un ouvrage publié en 2016 Serge Morand (écologue de la santé Chercheur au CNRS et au Cirad) alerte sur les liens entre perte de biodiversité et santé humaine.

On ne peut isoler cette pandémie du reste des problèmes écologiques

Le réchauffement climatique fait fondre la partie du sol gelée en permanence (permafrost) et fait craindre la libération de virus piégés dans la glace.

La fonte du permafrost constitue-t-elle une bombe virale et bactérienne à retardement ?

Face au réchauffement climatique, à la perte d'abondance de notre biodiversité, aux problèmes environnementaux majeurs sur la santé humaine l'heure n'est plus aux discours creux, mais à la pédagogie, à la mise en place d'un chemin clair, d'un cap, qui motive le plus grand nombre.

Nous pensons qu'il faut revoir un certain nombre de nos paradigmes, de nos modes de vie en construisant une société de citoyens responsables, connectés à l'environnement et non à leur smartphone !

Le bien-être et la santé ne pourraient-ils pas être des moteurs et des indicateurs de notre croissance. A l'époque des réseaux sociaux, des maisons connectées, des voitures connectées nous avons perdu la connexion « au vivant ».

Le progrès, la technologie, l'innovation appliqués avec sagesse doivent permettre d'améliorer la condition humaine, de stabiliser le climat et de protéger la nature.

Nous devons construire une société écologique ou une approche globale, interdisciplinaire nous permettra d'obtenir l'adhésion du plus grand nombre. Une société ou chaque citoyen pourra apporter sa contribution au travail collectif.

En 1999, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) déclarait lors de la Conférence ministérielle Santé et Environnement que « l'environnement est la clé d'une meilleur santé ».

Depuis 1945, l'interaction de l'Homme avec son milieu est devenue visible.

Le développement industriel et commercial a très nettement modifié nos conditions sanitaires. La synthèse des produits chimiques organiques et sa production suivent une progression arithmétique parallèle à « l'épidémie » des maladies chroniques : Diabète, Obésité, Athérosclérose, Cancers ... On peut parler de maladies environnementales.

Les Perturbateurs endocriniens exogènes interagissent avec notre système hormonal. Le nombre de PE seraient à ce jour entre 1000 et 3000 contre 177 annoncés par l'OMS en 2013.

La quasi-totalité de la population est exposée et les effets sont cumulatifs au cours d'une vie

Un rapport du Sénat de 2015 évalue à 100 milliards d'Euros par an, le seul coût annuel de la pollution de l'air ! La pollution de l'air représente la menace environnementale la plus importante pour le système cardio vasculaire. Les matières particulaires PM, en particulier les PM fines (PM 2.5 - feux de forêts par exemple - et inf à 2,5 m) et ultrafines (PUF de diamètre inf à 0,1 m) représentent un réel danger au quotidien. Les PM provenant de sources de combustion du bois et du diesel ont des effets plus néfastes. En dehors des Particules Fines, Ultra-fines, des COV (composés organiques volatiles), les métaux que l'on retrouve dans les particules liées aux émissions de freinage sont autant de sources de pollutions et de risques pour la santé.

France Ecologie demande que les Particules Ultra Fines soient surveillées dans l'air ambiant.

A quand une véritable politique de l'anticipation et de la prévention en santé publique !

Actuellement seulement 1 à 2 % des budgets « santé » vont à la prévention !

Les professionnels de ce secteur de la santé attendaient beaucoup du IV plan national santé environnement. Mais un manque évident de moyens et d'ambitions a marqué les esprits.

Les perturbateurs endocriniens font malheureusement partie de notre quotidien. Nous pouvons les retrouver dans les cosmétiques, les jouets, les emballages alimentaires...

Leur toxicité sur notre santé ne fait aucun doute et l'actualité le démontre tous les jours.

France Ecologie soutient tous les professionnels qui demandent depuis longtemps une réelle prise en compte de la santé environnementale.

Il faut décloisonner les plans sectoriels existants, prendre en charge la totalité des expositions à des facteurs extérieurs et environnementaux (c'est-à-dire non génétiques) que subit un organisme humain de sa conception à sa fin de vie en passant par le développement in utero, complétant l'effet du génome.

Il faut mettre en place un registre National des données concernant les problèmes environnementaux consultables par tous les professionnels et élus dans chaque territoire

L'écologie c'est avant tout une volonté, une capacité d'observer, de comprendre, d'agir. Cette volonté, cette ambition doivent être placés au cœur de l'action politique sans aucune complaisance.

Michel FAURE