Elections régionales et départementales 2021 : la politique française n’en sort pas grandie...

09/06/2021

Par Jérémy BIZET, Vice-Président de France Ecologie

Militant politique depuis plus de 15 ans, vice-président du mouvement France Ecologie, et non candidat aux prochaines élections, régionales ou départementales, je suis assez sidéré de la campagne qui commence.

La politique française est malmenée depuis des années et de plus en plus rejetée par les citoyens à chaque élection.

Abstention, rejet des partis politiques traditionnels, déferlante sur les réseaux sociaux aux parfums complotistes... sont autant d'indicateurs qui devraient nous inquiéter et faire réagir les citoyens engagés que nous sommes.

A un an des présidentielles, à l'aube, espérons-le, d'une sortie de crise sanitaire, et face à des défis majeurs pour notre pays, comme l'écologie, la lutte contre le terrorisme, la relance économique et bien d'autre, l'heure devrait-être à la réaction et à la sortie de la « politique politicienne » qui entraine notre pays dans le mur.

Or, ces élections territoriales de juin 2021 sont le contraire.

J'aimerais alerter sur deux aspects : la cohérence des partis et l'imposture de la « guerre » des logos.

La cohérence d'abord : je ne peux m'empêcher de penser à mes amis du Mouvement Ecologiste Indépendant (MEI). Amis, oui, car nous partageons depuis des années de nombreux combats communs, et je fus même leur représentant à une élection législative en 2012 dans les Yvelines.

Mais où est leur cohérence politique ? En Occitanie, le MEI est présent sur la liste écologiste d'Antoine MAURICE d'Europe Ecologie Les Verts, où est présent, entre autres, Génération.s. Dans les Haut de France, le MEI est sur la liste « ministérielle » de la République en Marche. En Bourgogne-Franche-Comté c'est à la liste des Républicains, associée à Debout la France de Nicolas DUPONT AIGNAN que le MEI participe. Et enfin, et c'est à mon avis leur meilleur choix écologiste, c'est à Valérie PECRESSE qu'ils se sont associés en Ile de France.

Néanmoins, et comme nous ne sommes plus à une incohérence près, le MEI qui soutient donc à la région la liste de Valérie PECRESSE, soutient localement aux départementales, qui ont lieu le même jour, des candidats d'autres listes. C'est ainsi, que dans le canton de Pantin en Seine-Saint-Denis, le MEI soutient la sympathique candidature écologiste et animaliste de Sandrine FEUILLET et Aloïs LANG-ROUSSEAU du MHAN. Aloïs LANG-ROUSSEAU qui n'est autre que la tête de liste de la section Seine-Saint-Denis de la liste « Oser L'écologie » en Ile-de-France présenter par Révolution Ecologiste pour le Vivant fondé par Aymeric CARON. A-t-on besoin de commenter également le fait d'être candidat aux régionales et aux départementales en même temps ?

C'est un peu comme le Mouvement Radical, qui soutient selon les régions la droite, la gauche, en Marche... sans aucune cohérence !

Nous pouvons aussi parler de l'UDI, qui n'est pas mal non plus dans son genre. L'UDI, qui se veut le parti de l'écologie positive et pragmatique, soutient presque partout, les candidats dits de droite. Peut importe s'ils ont un programme écologiste. Ce qui compte surement, c'est le nombre de siège, pour pouvoir « peser » dans les futures majorités ?

Mais je disais « presque partout », car oui, même si lors du dernier congrès de l'UDI, le 29 mai 2021, son président critiquait ouvertement « les macronistes » qui n'auraient pas perdu leur boussole républicaine comme la gauche, -car n'en n'auraient jamais eue- Ils soutiennent ces mêmes « macronistes » en Bretagne. Cohérence quand tu nous tiens !

Bon ! Je ne parlerai même pas des partis de gauche, car là, on ne s'en sortirait pas. Ils ne pèsent plus que 20 à 30% de l'électorat, mais sont divisés en une quinzaine de partis. Et si on creuse l'histoire de certains partis, c'est assez comique de les voir s'associer ensemble...

Autre aspect « la guerre des logos » :

Paradoxalement au fait que les citoyens aient de moins en moins confiance dans les partis politiques, les listes aux régionales semblent souvent avoir comme priorité d'afficher le maximum de logos afin d'afficher une illusion de rassemblement.

Mais à creuser un peu, on peut constater quelques perles.

D'abord il y'a ceux qui doublent leur logo afin de faire du chiffre. Le Mouvement de la Ruralité a remplacé en 2019 CPNT (Chasse Pêche Nature et Tradition). Pourtant en Nouvelle Aquitaine, nous retrouvons bien, après le logo du Mouvement de la Ruralité et celui de Résistons, celui de CPNT. Trois logos pour le prix de deux. La liste soutenue par Jean Lassalle a-t-elle vraiment besoin de ça ? Et nous retrouvons cette situation également dans la région Centre Val de Loire.

C'est un peu pareil en Occitanie avec le Parti de Gauche fondé par Jean-Luc MELENCHON, membre du Front de Gauche puis des Insoumis. Mais si les insoumis soutiennent une liste, de fait, le Parti de Gauche ne la soutient-il pas également ?

De même, et toujours en Occitanie, le MRC fondé par Jean-Pierre CHEVENEMENT a intégré la Gauche républicaine et socialiste en 2019. Pourtant Carole DELGA aborde fièrement les deux logos. Idem en Bretagne.

Ensuite il y'a la course à l'affichage de soutiens écologistes.

En Ile-de-France, Julien BAYOU, lui a décidé de mettre les logos de CAP 21 et de l'Alliance Ecologiste Indépendante, et non pas de CAP Ecologie, le mouvement né de la fusion justement de CAP 21 et de l'AEI. Mais certainement qu'il manquait de logos pour appuyer l'image de son rassemblement.

Que dire des « Ecolos Solidaires », qui soutient Audrey PULVAR, seul soutien écologiste à cette liste, dont la page Facebook a été créée en mars 2021. Non, il fallait que Madame PULVAR ait un soutien écologiste visible. Au moins un !

En Auvergne Rhône-Alpes, l'écologie semble bien à la mode, et chacun y va de son petit logo...

Transition Écologiste & Citoyenne qui est une scission du nouveau mouvement CAP Ecologie, soutient lui la liste écologiste d'EELV et Génération Ecologie.

Par ailleurs on retrouve CAP Ecologie, enfin de ceux qui ne sont pas partis à Transition Écologiste & Citoyenne sur la liste de Najat VALLAUD BELKACEM, où l'on découvre également « L'Ecologie Populaire » dont la page Facebook n'a été créé qu'en février 2021.

Que dire de Génération Climat ? Créée pour que la liste Insoumise/PCF ait elle aussi son petit soutien écologiste ?

Et dans le Grand Est, où l'on retrouve sur la liste d'Aurélie FILIPPETTI le mouvement « Renaissance à Gauche », un mouvement sobrement appelé « Les Socialistes », et de nouveau nos sympathiques « Ecologie Populaire ». Il est vrai qu'Aurélie FILIPPETTI n'avait, elle, pas non plus de soutien écologiste !

Et ce long texte n'est basé que sur une infime partie des circulaires. Celles disponibles sur https://programme-candidats.interieur.gouv.fr

Face à de telles stratégies, incohérences, et j'oserais dire « magouilles » de politique politicienne, comment les citoyens pourraient-ils encore croire à la sincérité des politiques, dans leur ensemble ?

Jérémy BIZET, Vice-Président de France Ecologie