La politique de protection de la nature, nouvel enjeu pour le ministère de l'écologie

16/12/2010

L'action publique, dans ce domaine, est trop souvent mal comprise, alors que la mise en œuvre d'une action durable sur les sites et paysages est tangible et visible par le plus grand nombre.

Lorsque le premier ministre a présenté le décret définissant les attributions du ministère du développement durable, l'absence de l'énergie - rattachée maintenant au ministère de l'industrie - a suscité des réactions plutôt négatives. Les progrès à réaliser en matière d'énergie trouvant des réponses essentiellement dans la recherche et le développement de nouvelles technologies, le rattachement à l'industrie n'est pas en soit une hérésie, si l'on reste dans la ligne du Grenelle.

L'actuel ministère de l'écologie prépare et met en œuvre la politique du gouvernement dans les domaines du développement durable et de l'environnement, du climat et de la sécurité industrielle. Il conserve les énergies renouvelables, la promotion des technologies vertes et la diminution de la consommation énergétique. Il est toujours chargé de la politique de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique. Il est en charge des négociations européennes et internationales sur le climat. Il est également compétent en matière de transports et de leurs infrastructures, d'équipement, de logement et de lutte contre la précarité, de construction, d'urbanisme et d'aménagement foncier. Il est encore chargé du domaine de la mer.

Le dernier remaniement ministériel n'a donc pas restreint ce ministère autant qu'on le prétend. Il retrouve l'essentiel de ses valeurs et peut continuer à pratiquer sa politique de développement durable comme par le passé. Le Grenelle de l'environnement, pour l'histoire de l'écologie politique, restera une étape déterminante, il y aura l'avant et l'après Grenelle. Les espoirs mis dans cette aventure ont modifié bien des comportements, le Grenelle constitue, à cet effet, malgré les critiques dont il est l'objet, une avancée très significative.

La participation aux grandes messes internationales sur le climat - Copenhague, Cancun, la recherche de solutions innovantes pour lutter contre le CO2 comme la taxe carbone, le problème des OGM ou les accords européens, quel qu'en soient les résultats - sont indispensables mais elles ne doivent pas, pour autant, occulter les attentes venues des territoires.

La politique de protection de la nature est présente dans les lois du Grenelle de l'environnement, sous forme de deux chapitres : la biodiversité et la gouvernance. Ces deux chapitres symbolisent la double équation à laquelle notre pays est confronté dans ce domaine. Une volonté affichée par la grande majorité de nos concitoyens, de défendre leur propre environnement, et une demande de participation aux décisions en véritables acteurs de la vie publique.

La biodiversité, aujourd'hui, ne peut plus être cantonnée dans les seuls espaces protégés. La progression continue de l'urbanisation, sous l'effet de l'étalement urbain, fragmente les territoires isolant de plus en plus de populations animales ou végétales. C'est l'objet des projets de trames vertes (constituées par des espaces naturels reliant des zones de protection) et bleues (formées des cours d'eau) permettant de créer des continuités territoriales. Dans les choix et l'application de ces trames vertes et bleues, la participation citoyenne est inévitable aux côtés des aménageurs institutionnels.

UNE RÉELLE GOUVERNANCE LOCALE

Aucun espace naturel ne peut être efficacement protégé sans l'accord des populations directement concernées par cet espace. Une réelle gouvernance locale permettrait d'améliorer les solidarités dans un monde où l'interdépendance est omniprésente. Cette notion de gouvernance est une des clés d'avenir pour nos institutions et devrait être un des axes principaux de la politique des aires protégées.

Les aires protégées constituent un réseau important qui couvre de 15 à 20 % du territoire métropolitain, selon la façon dont on les identifie. Elles concernent également les DOM-TOM, très riches en biodiversité et des espaces maritimes. C'est un secteur qui emploi environ 5 000 agents permanents.

Un effort de cohésion est à rechercher pour mobiliser, au niveau national, les énergies afin de développer un message global sur l'importance de ces aires protégées. Les nombreuses publications, réalisées actuellement, s'adressent le plus souvent à un public averti en reflétant les multiples études scientifiques en cours. Nous avons besoin maintenant, d'une médiatisation grand public, seule en mesure de valoriser, non pas le contenant, c'est-à-dire l'organisation administrative, mais le contenu, c'est-à-dire les raisons qui ont conduit à protéger ces espaces.

Pour les agents de la protection de la nature, comme pour les citoyens, le type de protection importe peu, seule la finalité compte. La synergie entre toutes les aires protégées, impose donc une recherche de simplification propre à fonder les conditions favorables à leur intégration dans les choix stratégiques d'aménagement du territoire.

La grande majorité des personnes qui se mobilisent pour l'écologie dans notre pays, sur ces problèmes d'aménagement du territoire ou de protection de la nature, n'est pas politisée. Il existe donc plus d'écologistes en dehors des partis politiques qu'à l'intérieur de ces mêmes partis. L'application d'un modèle général de participation de la société civile dans la gestion des aires protégées, sur tout le territoire national serait conforme aux attentes formulées par le Grenelle de l'environnement. Nos démocraties ont besoin d'attirer, à nouveau, les électeurs vers la vie publique, pour éviter la cassure actuelle qui existe entre les citoyens et leurs élus.

L'action publique, dans ce domaine, est trop souvent mal comprise, alors que la mise en œuvre d'une action durable sur les sites et paysages est tangible et visible par le plus grand nombre.

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