L'écologie à la croisée des chemins

01/05/2021

Par Isabelle JACONO, Présidente de France Ecologie et Jérémy BIZET, Vice-Président de France Ecologie

Penser l'avenir d'un pays ou d'une société oblige à sortir de l'impasse idéologique.

Pourtant depuis trop longtemps, nous assistons à une écologie spectacle faite de provocations idéologiques ou dogmatiques, souvent désespérantes.

Les Verts ont été élus dans des grandes villes, mais était-ce pour autant un plébiscite de leur « vision » de la société ? Ou bien, un vote résigné de bon nombre d'électeurs, sensibles à l'écologie et à son urgence, mais ne trouvant d'autre offre politique correspondant à leurs inquiétudes sur l'environnement ?

La victoire des Verts n'est pas une victoire de leur parti ; c'est une victoire par défaut et défaillance des partis classiques. Forts de ce constat, ceux-ci ont bien essayé de teinter leur couleur d'origine d'un vert plus ou moins sincère ou opportuniste. Sans réussir à convaincre selon un sondage récent : les électeurs souhaitent, en écologie, de la sincérité, de la conviction que seuls des femmes et des hommes engagés peuvent représenter.

Il est urgent que ces partis modifient leur analyse politique en la matière, au risque d'accentuer encore leur déclin.

En Autriche, en Irlande et dans d'autres pays de l'Europe du Nord on voit de plus en plus de partis conservateurs s'allier à des écologistes, ces derniers se détournant de la théorie de la décroissance ou de l'abandon de l'économie de marché.

C'est bel et bien en Allemagne qu'une logique écolo-conservatrice digne de ce nom pourrait s'implanter.

Il est urgent que l'écologie dominante actuelle en France, synonyme pour beaucoup de culpabilité, de sacrifice, avec sa vision dogmatique et punitive, laisse le pas à une écologie de bon sens, réaliste et positive, celle qui veut construire une alternative pragmatique, crédible et efficace.

Au changement climatique et pour la neutralité carbone, nous devrons répondre par le développement d'un « mix » d'énergies renouvelables en regardant au-delà des éoliennes vers la géothermie, la biomasse, le biogaz, ou celles de la mer (hydrolienne, énergie mare motrice...). Néanmoins, pour répondre aux besoins accrus d'électricité (Internet, transports électriques...). La France ne pourra pas supprimer son parc nucléaire à court terme, au risque d'amplifier considérablement ses émissions carbones ou d'aliéner son indépendance énergétique.

Aux défis environnementaux et économiques, nous devrons répondre en ouvrant de nouvelles voies de croissance, en encourager une productivité équilibrée, en favorisant l'innovation, en investir dans les technologies vertes, les biens et les services verts ; développant ainsi, de nouvelles opportunités d'emplois. Nous devrons développer les aires protégées pour restaurer une biodiversité en danger.

L'écologie pour être efficace, doit être acceptée par tous.

Ces choix de bon sens permettront de pleinement engager notre société sur une voie de renouvellement réaliste et viable. Ils permettront de renouveler la confiance dans le vote démocratique qui doit redevenir un vote d'adhésion et d'approbation à des idées, et non un vote de rejet.

De nouvelles séquences électorales approchent. Seront-elles l'occasion d'un souffle nouveau, faisant confiance, enfin, à ces hommes et ces femmes qui portent depuis plus de vingt ans, une écologie d'espérance, une écologie « positive », une écologie efficace ? Nous pourrons alors observer la vraie volonté des uns et des autres, ce que les électeurs, et les élus, sont prêts ou disposés à accepter.